Piano-gare

Hall de gare de Paris-Montparnasse. Des notes de musique envolées d’un piano viennent à ma rencontre juste à la sortie du TGV. Surprise. Quelqu’un joue quelque part en solo ! ? En effet…
Le piano trône au milieu de cette salle de pas- perdus, entre l’alignement des quais et le grand dehors, entre les escalators du métro et les escaliers des trains de banlieue. Il est droit, il est sans décorum,  et il est accordé. Une simple invitation  déposée bien en vue sur son bois : « A vous de jouer ! » et…le charme opère.
Depuis quelques semaines maintenant, des doigts voyageurs se risquent sur le clavier.
Ce matin, c’est un jeune, bonnet vissé sur la tête qui improvise non sans talent. Il a calé son sac à dos et sa sacoche contre le pied du tabouret, et il est parti dans son monde musical.
L’autre jour, une femme asiatique, aux longs cheveux noirs, nous a offert du Gershwin avec une virtuosité qui nous a scotchés, nous les badauds.
Un autre jour encore, un homme  semblait saisi par la magie de ces sonorités étranges que son index indécis provoquait, note, après note. Il en était si  impressionné qu’il n’osait même pas s’asseoir. C’était la découverte !
J’ai aussi entendu du jazz sortir de ce piano, du Mozart et du n’importe quoi. Toujours de la fraicheur. Et autour, toujours, un paquet de gens qui, comme moi,  aimeraient dire à la personne qui a eu l’idée géniale de poser ce piano au milieu de cet improbable espace : « Bravo ! Et surtout…laissez-le nous encore….. »

Novembre 2012
Marie-Christine Bernard