Visages aux trésors

Les visages humains racontent des histoires  d’hommes, de femmes. Ils sont comme des livres ouverts. On peut reconnaître quelques bribes de leurs calligraphies, mais on ne possède pas la clef qui permettrait de les lire sans effort. On devine seulement, on suppose, on parie même, mais au fond, on ne sait pas.
On ne sait pas déchiffrer ce regard triste, cette ridule au coin des lèvres, ces plis sur le front, ces cheveux en bataille, ou ce grain de peau revêche. Ni ces yeux pétillants, cette bouche rieuse, la douceur apparente de cette joue, cette cicatrice au coin du nez, ou cette barbe de quelques jours.
Il faudrait laisser sa main voyager sur ces visages, les laisser se détendre sous une caresse apaisée et bienveillante. Par ce geste de tendresse désintéressé, fraternel, chaste,  il faudrait rassurer cet être à la vulnérabilité offerte au grand jour et à la nuit.
Le rassurer jusqu’à ce qu’il laisse se déposer les mots de son propre récit de vie. En vérité.
Alors on découvrirait en chaque personne une île aux trésors, qu’elle-même ne soupçonnait pas. De multiples reflets des merveilles de Dieu, le discret, l’efficace Créateur de toute chose, balaieraient alors l’entre-deux, l’entre-nous, rejailliraient alentours, réjouiraient le monde.
Tendresse, ouvre-toi…

Marie-Christine Bernard
Janvier-février 2013