La Bible n’est pas le Coran

« Il se trouve des appels au meurtre aussi dans la Bible ! » Cette remarque, je l’ai souvent lue ou entendue venant de chrétiens bien intentionnés voulant relativiser le fait que le Coran contient des sourates très agressives. L’intention est louable qui consiste à mettre en avant d’une part, que l’Islamisme n’a pas le monopole de la violence, et que, d’autre part, les Musulmans peuvent être des personnes éclairées et pacifistes. Et cela est vrai. Il reste que les chrétiens n’ont pas du tout le même rapport à la Bible que les Musulmans au Coran. Les chrétiens assument l’héritage juif qui consiste à écouter la Parole (de Dieu) à travers traductions, interprétations, commentaires de ces textes rassemblés dans leur Bible. La lecture littérale, bien qu’elle reste toujours une tentation, n’équivaut donc pas à une lecture correcte. Car la Parole de Dieu ne peut pas être contenue dans des mots, dans une langue, dans des images, tant tout cela est lié à des contextes culturels, historiques, circonstanciés, dont les auteurs bibliques (multiples) participent. Se trouve pleinement assumé le fait que Dieu parle à travers les paroles malhabiles des hommes, mais ne leur « dicte » rien. Par ailleurs, les chrétiens ont comme clef d’interprétation de toute la Bible, la personne même du Christ qui est considéré par eux comme son seul vrai interprète. Ainsi, l’Evangile est pour eux la grille à travers laquelle toute la Bible et toutes ses interprétations doivent être passées, et ce jusqu’à la fin des temps, puisque partout, à toute génération, chaque personne doit entendre pour elle-même la Parole de Dieu. Le Christ conduit donc à considérer tout appel au meurtre au nom de Dieu, ou de la Vérité, comme un blasphème.

Marie-Christine Bernard

février-mars 2011