Citadins

Ils n’aiment pas l’herbe.

La terre est selon eux salissante.
Ils ne supportent pas la vue de la moindre fourmi, de la coccinelle, du plus petit insecte.
Refusent l’hypothèse de se trouver sans connexion internet le temps d’une balade.
La vue d’un paysage ne leur inspire que l’ennui d’un espace sans intérêt.
Le silence les effraie, la solitude les panique.
Ils ont peur de manquer, de chaud, de frais, de sucre, de vitamines…
Leurs enfants, on l’a appris récemment, connaissent mal, voire pas du tout, les légumes ordinaires, sans la moindre idée du parcours qu’ils font avant d’arriver dans leurs assiettes, leurs « box », leurs pots, leurs tubes, leurs portions…
A la campagne, il ne leur faut pas trop de nature. Il leur faut des activités : pas de la marche, ni de la baignade, ni des jeux de ballon ou de cache-cache dans les arbres, non : ils veulent du parapente, du quad, et des soirées funs, entendons : de la musique techno à fort taux de décibels, de l’alcool et du sexe, avec modération, peut-être, mais quand même…
Ils n’ont aucune idée de ce qui pousse dans les champs, ni du temps qu’il faut pour qu’un arbre grandisse.
Ils sont loin des préoccupations écologistes.
Ils sont de plus en plus nombreux. Coupés de leurs racines de vivant. En exil de tout lien amical et complice avec la nature.
Ils sont juste citadins.
Seulement citadins.
Fragiles et bétonnés.

Marie-Christine Bernard
Eté 2013