Du mensonge dans l’air…

Qu’est-ce que la vérité ? Au minimum, rappelons qu’elle est aspiration à une justesse :

– Justesse d’un mot, d’une définition, rapporté à un objet circonscrit (qui peut être un évènement, un sentiment, ou une chose), risque pris dans la conscience du caractère provisoire et limité de l’opération, mais qui permet d’avancer : perspective de la science en général ; qui est la nôtre quand on essaie « d’appeler un chat, un chat ».

– Justesse d’une attitude par rapport à une situation, sorte d’accord trouvé quant à soi-même – corps, cœur, raison – et à son expression dans l’ici-et-maintenant : perspective de la relation humaine. On parle ici parfois de congruence.

– Justesse éthique enfin, quand on pense ce qu’on dit, qu’on en a conscience et que la sincérité est au rendez-vous comme est authentique l’aspiration au bien, au mieux, ce qui permet d’être ouvert à l’échange, à la mise en cause, au questionnement : perspective de la morale. La vérité est liée au bien, elle est une valeur positive.

Ces perspectives s’entrecroisent et se nourrissent mutuellement, prennent appui les unes sur les autres.
Ne plus aspirer à la vérité, à parler en vérité, à être en vérité, à être vrai, voilà la voie du mensonge. Et le mensonge égare. Ce qui en vient, c’est du vent de vanité, de la fumée de fumiste, de l’illusion, trompeuse par définition. Ça ne construit rien de solide, bien au contraire. Ça détruit tout sur son passage.
Alors quand j’entends un homme politique, bien haut dans la fonction mais déjà bien bas dans l’opinion, annoncer un objectif très précis à très long terme tout en affirmant qu’il le sait inatteignable, même pas dupe de sa propre illusion donc ; ou un expert en économie affirmer qu’il n’y a pas de bulle immobilière à craindre parce que ça n’explose pas, alors que, je le cite « si il y avait une bulle, ça exploserait, c’est donc la preuve qu’il n’y en a pas », comme si la faute logique commise ici était sans importance ; et que dans un cas comme dans l’autre, chacun est droit dans ses bottes sans voir qu’il y a un hic, alors oui, j’ai comme un gros blues sur l’habitude prise du mensonge par ceux qui pilotent notre société.

Marie-Christine Bernard
Janvier 2014