Beauté

Le TGV file vers l’ouest. Je goûte le plaisir d’avoir tout mon temps. Mon regard erre dans le paysage de plaines puis de douces collines piquetées de villages, de fermes, entre champs et bois.
Quand mon ange me tape sur l’épaule : « Lève les yeux, regarde ! »
Je plonge dans le ciel.
Le soleil se couche, et comme à chaque soir, réinvente la beauté.
Cette fois, rien de flamboyant, pas de rouges orangés, de liserés dorés, d’éclatant triomphe de roi. Un ciel qu’on risque de ne pas remarquer. Tout en nuances de bleus et de gris, de rosés et d’ocres clairs, il offre en une profondeur tranquille une beauté qui me saisit, me ravit.
Je comprends tout d’un coup pourquoi des peintres, des Cézanne, des Van Gogh, des Corot, ont pu brûler leur vie à chercher, du bout de leurs pinceaux, à rendre aux regards la subtile vibration qui se réveille en nos profondeurs devant le monde ainsi déployé pour nos nos yeux et qui n’attend qu’un peu de notre attention pour nous combler d’aise.
Marie-Christine Bernard
Novembre 2016