Hommage de la nation toute entière

Il reste au moins ceci.
Dans la plupart des villes et des villages de ce pays, des millions de citoyens de toute couleur et de toute confession ont trouvé un lieu où faire converger leur résistance à la barbarie. En général, c’est au milieu de la place centrale, c’est devant la mairie, c’est sur les marches de l’Hôtel de Ville, qu’ils sont venus déposer fleurs, poèmes, prières, mots, bougies et de ce bleu-blanc-rouge auquel on n’imaginait pas être si attachés.
Et nous sommes encore nombreux, des semaines plus tard, à marquer l’arrêt devant ce signal lumineux de notre démocratie, pour nous recueillir.
Cela s’est fait sans bruit, sans slogans hurlés dans les mégaphones, sans démonstration de force d’une foule compacte et remontée, sans parti-pris ostensible sinon celui de la paix, de la fraternité, de la concorde malgré tout.
Oui, on a besoin de se tenir les mains, de se serrer dans les bras, de se dire qu’on préfère tenter de s’aimer d’amitié tranquille, plutôt que de s’invectiver et de s’exclure.
Oui, notre pays cosmopolite porte un bel idéal et il nous revient de le défendre contre tout communautarisme, contre tout appauvrissement culturel, contre tout affaissement moral.
Oui, nous avons raison d’aimer la vie, la culture, la diversité, l’amour…
C’est pour un croyant le meilleur hommage rendu au Créateur.

Marie-Christine Bernard
décembre 2015