Lire Proust

« Pour se représenter une situation  inconnue, l’imagination emprunte des éléments connus et à cause de cela ne se la représente pas.
Mais la sensibilité, même la plus physique, reçoit comme le sillon de la foudre, la signature originale et longtemps indélébile de l’évènement nouveau. »

Voilà qui me donne à penser…C’est pourquoi je  poursuis ma lecture de Proust depuis des mois. De perles proustiennes, j’ai tout un florilège !
Comment peut-on lire Proust avec bonheur et profit ? En faisant tout l’inverse de ce qu’il conviendrait  de faire, aux dires des faiseurs d’opinions, pour être « de son temps », le mien, le vôtre, le temps d’aujourd’hui.
D’abord apprécier le repos d’un livre, objet nomade, crayonnable, indépendant  de toute source d’alimentation électrique, qui laisse les yeux travailler à leur rythme sans éblouissements lumineux, qui se laisse prendre, reposer, reprendre, à tout moment, sans faire de chichi.
Ensuite, ne pas être pressé, aimer être attentif, se tenir intérieurement sur le mode contemplatif, suivre le cours des phrases en se laissant porter par leurs ondulations, laisser l’imagination accompagner la lecture. Laisser au fil des pages s’opérer la permutation qui permet de mieux nous comprendre en entendant parler d’une société qui n’est plus la nôtre.
Enfin, consentir à  savourer la langue comme on déguste un vin. Certains passages sont dignes d’un grand cru. A parcourir sans modération, donc !
Lire Proust ? Impossible que ce soit du temps perdu…

Marie-Christine Bernard
Octobre 2013