Page blanche

Une neige fragile recouvre les toits.
Le ciel gris et bas en porte les flocons éparses, hésitants.
Comme s’ils se retenaient.
Le nez collé à la fenêtre, je m’entends les appeler en silence à se poser enfin.
L’immaculé qu’ils dessinent suggère tant de paix.
Tant de rêve de paix conquise sur les fossés, les murs, les barrières, les épines et les ornières.
Tant de pureté doucement caressée sur la boue, la poussière, les haines et les violences.
Voile pudique jeté sur les résultats  tranchants des bavures humaines. Des folies des hommes.
Comment peut-on préférer la tuerie jusqu’au suicide à la beauté du monde ?
Comment peut-on préférer la violence et le sang  à  la gratitude de vivre dans un pays libre ?
La page blanche d’une vie à vivre est pourtant là, ouverte pour chacun.
Sans doute doit-elle  souvent s’arracher d’un cahier abîmé par l’histoire, taché par l’injustice, froissé par le fanatisme.
Mais elle est là  à portée de liberté d’en faire une trajectoire lumineuse.
De l’écrire en son propre nom qu’il reste à découvrir et inventer tout à la fois.
A révéler en somme.
Chaque personne porte la possibilité de dérouler une histoire sainte.
C’est le message de mon ange qui ce matin me l’écrit en neige.
Trop fort, mon ange…

Marie-Christine Bernard
Février 2015