Anachronismes

Serait-ce trop demander aux médias et internautes qu’ils cessent de faire constamment référence aux croisades et aux guerres de religions qui ont secoué l’Europe de jadis pour sembler relativiser le terrorisme islamiste d’aujourd’hui ?

Certes, le point commun est la prétention de défendre une conception de Dieu en massacrant les tenants d’une autre. Que les combattants soient parfois sincères ne les empêche pas d’être aveugles et stupides. C’est une constance dans l’histoire de l’humanité : les conflits font feu de tout bois, et le prétexte religieux offre un alibi bien commode pour auto-légitimer sa haine. Hors mis ce point, donc, aucun rapport entre ces phénomènes.
Car l’histoire malgré tout nous a appris des choses. On n’est plus ni au Moyen-Âge, ni au XVIème siècle ! Depuis, on a élaboré une Déclaration des Droits de l’Homme, qui tire les conséquences, en terme de programme et de boussole, de que l’histoire nous a appris : la guerre, la violence, la négation de la dignité des uns (souvent des unes) par les autres, la volonté d’imposer ses croyances par la force des poings, le refus de l’appel à la raison et à la critique, la sacralisation de quelque texte que ce soit, fût-il religieux, sont autant d’éléments qui nous envoient tous dans le mur.
Nous sommes à l’heure de la mondialisation et les pouvoirs destructeurs de l’armement qui circule le sont à grande échelle. Ce n’est pas en se battant la coulpe d’Européen complexé par une histoire, dont on regrette la tournure, mais dont nous ne sommes plus aujourd’hui responsables, qu’on va arrêter le massacre qui a lieu sous nos yeux, à nos portes, sur le terrain des valeurs qui nous sont si précieuses.

Automne 2014
Marie-Christine Bernard