Circoncision

Le tribunal de Cologne a jugé, le 26 juin dernier, que la circoncision sur les mineurs relevait d’une atteinte à leur intégrité physique en raison de son caractère de blessure corporelle irréversible infligée à leurs dépens. Juifs et Musulmans protestent vigoureusement, les uns affirmant, bible à l’appui, qu’il s’agit d’un devoir ; les autres plaidant plutôt la coutume ancestrale ; les uns et les autres, rejoints par des chrétiens, estimant que ce jugement est de toute façon une atteinte à la liberté religieuse. Mais tous cela mérite discussion. Car la circoncision est bien (aussi) ce que le tribunal de Cologne en a dit. La question est de savoir s’il est éthiquement acceptable que cette blessure corporelle s’impose d’emblée à tout enfant né de parents juifs ou musulmans, quelles qu’en soient les raisons. Le futur adulte n’est-il pas « capté » par ce rite ? Sa liberté de conscience – qui permet de choisir, à l’âge adulte, entre autres choses, ses liens d’appartenance, y compris en religion – n’est-elle pas pour ainsi déniée ? Quelle sera sa liberté religieuse d’adulte ? Le baptême chrétien des enfants ne relève pas de la même logique : il est bien clair que le bébé est sous la responsabilité de ses parents qui le demandent pour lui, mais ce sera à lui, et lui seul, lorsqu’il aura l’âge de le faire, de décider de poursuivre ou pas dans la communauté chrétienne. Aucune trace corporelle indélébile ne subsiste après le baptême : tout tient dans la foi en la grâce de Dieu. Quant à l’argument de la coutume ancestrale, il est dangereux. Des us peuvent être fort anciens et fort contraires au respect des personnes. En Occident, on a du balayer devant nos portes et du chemin reste à faire. Les courants philosophiques des Lumières nous ont été d’un grand secours. Puissent d’autres traditions s’en inspirer !
Marie-Christine Bernard
juillet 2012