C’n’est pas marqué « citron » !

Ras le bol de cette habitude qui se répand de considérer l’autre comme un instrument de sa propre promotion sociale éventuelle. Elle se déroule à peu près toujours de la même façon : quelqu’un vous aborde – et l’image de l’abordage convient bien ! – et sans plus de formalité, expose son problème (de carrière) sans détour, puis exige que vous mettiez votre compétence supposée à son service sans plus attendre, et sans discussion. Il ou elle tente alors de vous arracher par bribes carnet d’adresse, savoir-faire, projets, dans l’objectif de moins en moins inavouable, de s’en servir, voire d’en revendiquer la possession, et, accessoirement, de vous déconsidérer aux yeux des autres à la première occasion. Lorsque, généreusement, vous acceptez le dépouillement, espérant rendre service à cet autre, à ce prochain, vous déchantez vite : aucune reconnaissance à en attendre. Pire, lorsqu’il ou elle vous croisera quelque temps plus tard, il ne vous reconnaîtra pas, ne répondra à votre salut que de loin. Ce qui ne l’empêchera pas de revenir à la charge un peu plus tard, au cas ou il –elle- aurait oublié de vous demander quelque chose, à son bénéficie exclusif, bien entendu. Mais ne vous demandera pas comment vous allez, non. Il ou elle vous quittera sans plus d’égard, dès le renseignement obtenu. Avec le sourire. Et la promesse de prier pour vous si le terrain se dit chrétien. Certains pensent que c’est cela faire preuve de confiance en soi, d’audace et d’efficacité. Moi je pense que c’est juste de la muflerie, l’opposé du respect.
Marie-Christine Bernard
novembre 2011