Confiance ?

L’homme qui se tient ce jour-là assis en face de moi, de l’autre côté de la table de travail, est non seulement blessé, il est comme défait. Son alter ego, directeur comme lui d’une filiale de cet important groupe industriel, était, du moins, le croyait-il, son ami : même âge, même milieu, quasiment même parcours et un goût commun pour l’art et la bonne chère. Ils en ont partagé, des bons moments ensemble ! Avec épouses et enfants, ils sont même partis ensemble aux sports d’hiver il y a deux ans. Il en a gardé un souvenir merveilleux de plein air, de rires, de fondues joyeuses, de complicité. L’ambiance était porteuse : il lui avait confié ses questions quant à son avenir, ses doutes par rapport à sa place dans le groupe. ça lui avait fait du bien d’échanger avec quelqu’un capable de comprendre. Il avait senti une empathie chez lui et s’était assuré qu’il garderait ces confidences pour lui. Et puis voilà : l’ « ami » s’est servi de cette confiance pour le casser auprès du Président et il vient de l’apprendre fortuitement. Que dire ? Il devient si courant de tromper la confiance alors même qu’en bon libéral convaincu, on s’en fait le chantre quant aux relations commerciales ! Combien de fois l’ai-je constaté, l’ai-je subi moi-même ? « Il faut rétablir la confiance, me martèle un autre responsable économique, sinon, la croissance ne repartira pas ! » Ah oui ? Et qui s’en montre vraiment digne, de cette confiance ? La parole humaine, celle qui engage en conscience, a-t-elle place où se poser ?
Marie-Christine Bernard – décembre 2010