Courage, François !

Réformer la position et le discours de l’Eglise sur la morale familiale n’allait pas se faire sans peine, on s’en doutait. Je note trois postures, qui sont autant d’obstacles, parmi d’autres, mais qui s’alimentent entre elles :

1- Vouloir faire jouer à l’Eglise le rôle de conscience morale par procuration : ceux-là attendent d’elle qu’elle dicte des règles de conduite, dans sa vie de tous les jours, y compris familiale, y compris conjugale, règles dont ils pourront se prévaloir pour éviter de réfléchir dans la complexité des situations inhérente au fait d’être personne humaine. « Si vous bougez les lignes, y’a plus de repères ! »
2- Se réclamer, sur des questions contemporaines, de l’enseignement du Christ, rien que ça. « On ne peut pas aller contre ! ». Soit. Mais le Christ n’a rien dit sur la famille… Quand il dit qu’il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni, il ne parle pas du divorce, mais il répond à une question à propos de la répudiation (Mt 19,3). La répudiation est une coutume encore en vigueur au Proche- et Moyen-Orient : elle donne le droit à monsieur de congédier son épouse quand bon lui semble( Dt 24,1-4). Officiellement, en cas d’adultère. En réalité, monsieur peut en prétexter le soupçon seulement pour se « débarrasser » – il n’y a pas d’autre terme – d’une épouse qui ne lui convient plus. Quel rapport avec ce que nous appelons le divorce dans nos sociétés modernes ?
3- Etre obstinément vent debout contre tout ce qui naît en-dehors des frontières de l’Eglise. « Sus à la société permissive et dépravée !» Ceux-là sont restés scotchés mentalement au XIXème siècle, en pleine crise moderniste. Léon XIII ? Concile Vatican II ? Pas vu, pas entendu.

Pape François : « Bon courage ! »

Automne 2014
Marie-Christine Bernard