Dons dingues

L’approche des fêtes de fin d’année propice aux cadeaux, au réveil de nos générosités dans l’élan un peu fou qui nous entraîne vers la lumière entretenue au cœur de l’hiver, voit déferler dans nos boites aux lettres, sur les ondes, les écrans, aux sorties des gares, des supérettes et des cinémas, des paquets d’appels aux dons, comme autant de paquets de mer s’écrasant sur la figure du marin déjà bien à la peine !

Et nous voilà malheureux et perplexes.
Malheureux, parce qu’on aimerait tant que tous et chacun trouvent place au soleil de la vie sans devoir galérer comme un forçat sur quelque front : travail, santé, vie sociale, considération, domicile…
Malheureux parce qu’on voit bien que ça ressemble au tonneau des Danaïdes, sans fond, sans fin.
Malheureux aussi parce ce qu’on sait bien que c’est de temps et d’attention qu’on a tous besoin, surtout les plus précaires, et que le pli de l’assistanat est vite pris si l’on n’y veille pas.

Malheureux donc, et aussi perplexes.

Parce que dans le même temps, on considère les sommes déboursées par chacun de nous, les actifs, en diverses taxes, impôts, cotisations…On a beau adhérer à l’idéal de solidarité qu’elles manifestent, on se demande vraiment où elles vont pour qu’il y ait encore dans ce pays autant besoin de mendier des fonds.
Le pire dans l’affaire, alors que les français sont réputés pour leur générosité (chiffres à l’appui), c’est qu’il se trouve toujours quelque bonne âme pour culpabiliser à la ronde en sortant le poncif de l’individualisme par-ci, de l’égoïsme par-là… : au moins ça ne coûte rien tout en offrant l’image bien rutilante – l’image seulement ! – d’un engagement social !
Misérable…

Décembre 2013
Marie-Christine Bernard