Etre star et rien d’autre ?

Parents, enseignants, conseillers d’orientation, tous font ce constat : les enfants et les jeunes rêvent tous d’être « star ». Dépassé le temps où l’on pouvait aspirer à devenir comédien, écrivain, peintre, sculpteur ou danseur, avec le secret désir d’être connu, reconnu par son talent ou son génie. Aujourd’hui, vraiment, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Peu importe dans quel domaine on s’engage, pourvu qu’on ait la gloire et l’argent qui va avec. Même l’hypothèse de n’avoir pas de talent particulier pour un statut d’artiste ne décourage pas les prétendants qui l’assument très bien : il suffit de savoir se fabriquer une image et bien la médiatiser. On envisage sans problème de « créer » son personnage, de se fabriquer une identité artificielle. Coachs spécialisés en la matière et potentiel technique bien utilisé suffisent à rendre la chose possible pour n’importe quel quidam capable de saisir sa chance. L’idée que l’art soit l’expression, à travers son « génie » propre, d’une sensibilité qui éveille celle des autres à travers tel ou tel support, n’effleure plus. Quant à penser que l’art puisse ouvrir du sens à vivre par la trace d’une justesse à être soi et à se donner aux autres dans une vérité mûrie d’humanité, c’est tout bonnement devenu hors-sujet. C’est l’orgie de l’émotion à deux balles, de la ruse, de l’éphémère et de la gloriole abreuvée de démagogie. Qu’est-ce que cela apporte ? Du divertissement aurait dit le philosophe Pascal. Autrement dit, du gâchis de liberté.

Eté 2011
Marie-Christine Bernard