Familles bien mal défendues !
Ils semblent déchainés. Ils s’amusent follement. En chantant des mots qu’on croyait oubliés, des mots qui renvoient à un autre temps, pleins d’une imagerie que l’on pensait brûlée à jamais sur notre sol de France. Des mots, des images, et des peaux de banane agitées joyeusement pour accompagner la ritournelle.
Les gamins qui hurlent des propos racistes à l’encontre de Madame Taubira lors de son déplacement à Angers sont entourés d’adultes, dont leurs parents, venus là pour, selon eux, défendre LA famille.
Et ces adultes se taisent.
Pas un pour faire cesser ce qui ne peut pas être un jeu. On ne joue pas avec la mémoire des millions de victimes du racisme, ni avec la tragédie de ceux qui en font encore et toujours les frais.
En se montrant ainsi absents de leur rôle éducatif, ils ont donc ce jour-là étalé au grand jour un manque patent de sens parental.
Car on peut être en désaccord avec les positions politiques, voire idéologiques, de la ministre, et il est légitime de l’exprimer. Mais s’attaquer à sa personne, à son physique, à la couleur de sa peau, c’est indigne d’un pays démocratique, indigne de nous, de la France.
Je croyais bien naïvement qu’on en avait fini avec ça.
J’ai eu honte devant ces images.
Laisser des enfants se vautrer ainsi dans ce que notre histoire charrie de pire, comme si les tragédies passées ne nous avaient rien appris, a du coup paradoxalement montré que pour faire une famille digne de ce nom un papa-une maman, c’était loin d’être suffisant, et parfois contre-productif d’humanité.
Marie-Christine Bernard
Décembre 2013