Femmes hors-sujets

Fut un temps où certains régimes politiques étaient jugés encore plus infréquentables que d’autres au point qu’il n’était pas question de se compromettre avec eux. Jusqu’en 1992, par exemple, l’Afrique du Sud avait été interdite de compétition internationale en rugby à cause de son régime d’apartheid. Qui se souvient des mots de Renaud qui chantait, à la fin des années 80 (extrait de la chanson : « Dans ton sac ») :

« Et j’ai pas touché tes clopes
Tes Rothman j’ te les boycote
Sauvagement
Le tabac sud-africain
Ça pollue aussi les mains
J’ me comprends » ?

Mandela était en prison. De boycotts en pétitions, de protestations en dénonciations, la pression internationale occidentale et africaine fut telle que l’Afrique du Sud a fini par sortir de ce régime d’apartheid qui organisait toute la société.
Aujourd’hui, des régimes qui ont inscrit dans leurs lois et organisent à l’échelle de toute la vie sociale le racisme contre les femmes (qu’on l’appelle sexisme ne change rien au scandale) sont considérés comme très fréquentables : ils arrosent de leurs pétrodollars banlieues, clubs de sport, hôtels prestigieux qu’ils achètent à tour de bras, organisent des compétitions sportives dans une débauche de moyens désastreux pour l’environnement, font jeu égal avec les pays démocratiques, lesquels ne voient rien à redire.
Il faut dire qu’ils ont tendance, tous, à se retrouver entre hommes. Lorsque des femmes voilées se pointent en ces haut-lieux, c’est qu’elles ont accepté de jouer le jeu, sinon, elles ne seraient pas là. Les chantres professionnel des Droits de l’Homme, eux, encaissent sans mot dire les espèces sonnantes et trébuchantes, et continuent d’entretenir leur buzz en créant de fausses polémiques à l’intérieur de l’Hexagone, pour eux confortable.
Que des femmes par millions vivent oppressées par des systèmes politico-religieux qui se réclament de droit divin, non, ça ne les dérange pas…

Marie-Christine Bernard
Avril 2013