Méditation, piège à c… ?

Au risque de la grossièreté, le titre de mon coup de gueule du moment s’impose pourtant à la lecture d’un reportage sur la nouvelle mode dans les grandes entreprises : proposer des stages de méditations animés par des moines bouddhistes et des sophrologues de tout poil ! Cela me fait l’effet d’un coup de massue : la méditation, cet art de l’intériorité, ce chemin de libération, cette ouverture vitale vers le cœur de notre mystère, la méditation est en passe d’être instrumentalisée par l’homo economicus, recyclée dans le circuit du management par la pression. Dans quel but ? Gérer le stress, voire lutter contre le stress. Autrement dit, dans un cas, il s’agit de s’adapter quelles que soient les conditions de travail, et dans l’autre, de développer des compétences surhumaines, sachant que le stress reste ici envisagé comme problème personnel de celui ou celle qui l’éprouve. Il va s’en dire qu’après de coûteux stages réglés par l’entreprise, il va être difficile de se plaindre des rythmes imposés, des délais trop courts, des objectifs hors d’atteinte, des compressions de moyens, des réductions de personnels, et des manquements ordinaires au respect, qui sont les principales causes du stress. La « preuve » aura été faite que le ou la stressé est d’abord quelqu’un qui n’est pas ou plus à sa place et que la porte, grande ouverte, l’attend royalement, direction : la sortie. De qui se moque-t-on, vraiment ?
Marie-Christine Bernard
octobre 2011