Ne pas se tromper de combat

Il se passe à Calais des choses difficiles.
Des centaines de migrants s’y agglutinent dans l’espoir de traverser ce bras de mer qui les sépare de l’Eldorado, car c’est ainsi qu’ils envisagent la Grande-Bretagne.
Clandestins, lourds de ce bout d’histoire qui est la leur, ballotés dans la grande histoire anonyme et sanglante de guerres, d’injustices, et d’obscurantismes de tout poil, mondialisée dans sa folie monstrueuse d’inhumanité, ils aboutissent là, abrutis de fatigue, de dénuement et d’angoisse. Les grands de ce monde pourtant chargés de gouverner, ne gouvernent rien ou pas grand-chose sur ce carré de terre et les couloirs obscurs qui conduisent ces pauvres hères à échouer là pour s’y morfondre avant de se jeter à l’eau, souvent au sens propre, et au risque de leur vie.
Ils sont venus si nombreux, et si nombreux à venir !
Calais est la dernière étape d’un processus vicié depuis le début, depuis ces raisons qui les poussent à partir, dont les causes, intactes dans leurs perversités, continuent de produire leurs mêmes effets.
Ces migrants ont droit à notre compassion active.
Mais ceux qui les ont poussés à l’exil … n’ont-ils pas surtout le droit d’être activement combattus ?

Marie-Christine Bernard
Mars 2015