Pendant ce temps, le pétrole…

Pendant ce temps, le pétrole continue de s’écouler à grands flots dans le Golfe du Mexique. L’équivalent de 4 Erika par jour depuis des semaines, sans solution en vue. Du pétrole par milliers de tonnes. Du pétrole qu’il ne suffira pas à la vie d’un homme pour voir disparaître des plages. Tout ça parce que le forage est hors d’accès humain, à 2 500 mètres sous la surface, là où plus rien n’est sous contrôle : ça passe ou ça casse…et ça a cassé. Le niveau de parole des « responsables » entendus à la radio au début de cette affaire, car depuis, on ne les entends plus guère, confinait à la nullité tant au niveau technique qu’en matière morale. Mais comment peut-on encore prendre de tels risques alors même que l’excès du principe de précaution paralyse bien d’autres secteurs ? « Parce que le pétrole, c’est de l’énergie, et de l’énergie, on en a besoin. » me direz-vous ? Besoin ? Vraiment ? Pour éclairer les casinos de Las Vegas, les autoroutes occidentales, les machines qui fabriquent les pétroliers et les plateformes de forage, les voyages insensés d’une poignée de privilégiés par-dessus les nuages, le déluge de gaspillage qui nous étouffe, au propre comme au figuré, de moins en moins lentement et de plus en plus sûrement ? A quand la fissure irréparable dans le cœur d’une centrale nucléaire ? une molécule bidouillée lâchée dans la nature aux conséquences irréversibles et tragiques ? quoi encore ? Pour quoi ? C’est insensé. La part d’insensé du mode de vie occidental n’est plus du tout sous contrôle. Si elle l’emporte sur le reste, l’absurde aura le dernier mot. Y’aura-t-il alors encore une oreille humaine pour l’entendre ?
Marie-Christine Bernard
14 Juin 2010