Rentrée

Voilà : la « rentrée » officielle est dans sa ligne droite ! L’agitation citadine reprend son cours stressé, et pas seulement en ville. Les médias déversent leurs nouvelles grilles destinées à captiver les foules, à les captiver au sens littéral, à savoir les retenir dans l’étroit périmètre de leurs annonceurs et sponsors tonitruants. Ils nous assaillent sans ménagement, nous les « foules sentimentales ».

Pendant ce temps, imperturbables, les jours raccourcissent en offrant vers le soir une lumière dorée sur la fraîcheur de septembre. Elle caresse les arbres et tendrement colore leurs feuilles avant de les laisser danser dans l’air automnal. On aimerait rester là, entre bois et prés, rivières et sentiers, chemins de pierre et buissons de mûriers. Bouder la rentrée. Mieux, l’oublier. Rester hors du train qui mène le monde et nous entraîne dans le tourbillon de sa course folle. « Si cela ne tenait qu’à moi… » se surprend-on à penser.
Mais le moment n’est pas encore venu sans doute. De ces parfums d’automne, de ce silence des grands espaces, de cette grâce qui murmure Dieu en tout ce qui vit, il faut aller parler à tous ces gens, leur en offrir des scintillements en pur cadeau, en pure perte, juste pour qu’ils s’en souviennent, juste pour qu’un jour, peut-être ils réalisent à quel point ils sont aimés…

Marie-Christine Bernard
sept 2011