Scandales

Certes, la pédophilie ne concerne qu’une infime minorité de prêtres et la grande majorité d’entre eux accomplit un travail remarquable, fait preuve d’un courage et d’un don de soi pour la cause de l’Evangile qui méritent respect et reconnaissance. Difficile cependant, après des mois de révélations successives sur ce scandale, de ne pas laisser éclater un coup de colère. Mais contre qui ? Contre le système ecclésiastique qui a couvert pendant un trop long temps ces sales affaires ? Oui. Contre une certaine étroitesse cléricale forcément aveuglée par ses œillères au point de manquer de la plus élémentaire lucidité durant les longues années de formation et, soi-disant, de discernement, qui précèdent l’ordination des prêtres ? Certes. Contre ceux qui nous font croire qu’on est tous responsables par solidarité ? Un peu, aussi. Car nombreux sont les évêques (le plus souvent en privé), les prêtres (parfois en public), les laïcs (publiquement) qui perçoivent que la question du prêtre – son ministère, son statut, sa fonction, son état de vie (célibataire ou marié) – doit être repensée : la dynamique du dernier Concile, ainsi que la situation concrète de l’Eglise l’exigent. Faute d’avancer sur cette question, le flou persiste. Or, rien n’est pire que le brouillard pour voir clair. C’est un pléonasme que de noter que cela n’aide pas à un discernement serein. Contre certains médias (pas tous, heureusement) qui se font les choux gras de ces scandales, envoyant une désinformation systématique, une approximation coupable dans les données jetées en pâture, une recherche de scoop épiscopalo-papal de la pire espèce ? Certes oui ! On se dit que s’ils traitent les autres sujets dits d’actualité avec la même désinvolture et la même cécité de parti-pris, alors on n’est tout simplement pas informés, ainsi que les choses se passent dans n’importe quelle vulgaire dictature. Mon coup de colère est donc global, évidemment excessif : l’amour du Christ et de son Eglise, qui dépasse largement l’institution catholique romaine mais l’englobe, est fort au-delà du raisonnable. Il sert contre son cœur toutes les victimes de l’odieuse violence.
Marie-Christine Bernard
3 avril 2010