Solidarité

J’aimais bien l’idée selon laquelle tout citoyen français devait avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs quel que pût être son lieu d’habitation sur le territoire. Je ne sais pas exactement quand ça a commencé à déraper, et sans doute, le phénomène prend-il sa source en plusieurs endroits. Mais c’est un fait, il y a aujourd’hui trois catégories de citoyens :

– Les habitants des quartiers tranquilles des villes moyennes et grandes semblent pour l’heure privilégiés : ils vivent en relative sécurité, ont accès aux multiples services (culturels, sportifs, administratifs, commerciaux, scolaires, environnementaux, etc).
– Ceux qui habitent en ville mais dans les quartiers déficients sont déjà moins chanceux : sécurité moindre, voire insécurité manifeste, services lointains, environnement urbain déprimant.
– Ceux enfin qui vivent en milieu rural : ceux-là deviennent les aventuriers des temps modernes. Ils ont intérêt à savoir bricoler pour se tirer d’affaire dans les petits ennuis du quotidien d’une maison, à savoir conduire, parce que tout est loin, à être en bonne santé, pour la même raison, à déborder d’énergie parce que la moindre démarche, la moindre participation à quelque activité oblige à d’interminables trajets sur des routes inégalement entretenues, à avoir une bonne voiture donc, des revenus financiers corrects, et des connaissances solides en informatique parce que le réseau n’arrive pas partout avec la même diligence.

Pourtant, traiter avec égalité tous les citoyens n’est-ce pas ce qui permet de se sentir membres d’une même communauté ? N’est-ce pas là le carburant qui donne sens à l’idée même d’une solidarité nationale ?

Marie-Christine Bernard – décembre 2010