Submersion

Du retard dans mes billets.

La cause m’apparaît, limpide : la violence de l’actualité me laisse sans voix.
Là, à perte de vue, au cœur de l’Europe, les files de migrants cheminant entre deux camps de fortune, partis on sait d’où, mais qui vont on ne sait où.
Ici, la voix gonflée de mépris d’une citoyenne traite des femmes d’origine maghrébine de « chiennes », alors même celles-ci clament leur attachement à la France.
Ici encore, des concitoyens se suicident de désespoir, agriculteurs, fonctionnaires de police, quidam surendetté, chômeur à bout.
Ici toujours, d’aucuns s’autorisent à tout casser ce qui ne leur appartient pas parce qu’ils refusent de respecter la loi d’un Etat de Droit.
Et sur nos côtes s’échouent les objets hétéroclites et parfois les cadavres de ces gens engloutis par la mer sur laquelle ils s’étaient embarqués, poussés par le « rien à perdre » jusqu’à en perdre pourtant et la raison et la vie.
Et sur tout ça le brouhaha habituel de ceux qui n’ont rien à dire de constructif mais parasitent les ondes, les images, les réseaux.
Que faire ?
Au moins continuer de se laisser toucher, de se sentir concerné, de se creuser la tête, le cœur, l’imagination, pour trouver des pistes à suivre.
Ne pas désespérer.

Marie-Christine Bernard
Octobre/novembre 2015