Excès de zèle, défaut d’ailes…

     Ce matin-là, je me rends au marché de cette ville de France qui ressemble à toutes les villes de nos belles régions.

Les mains chargées de flyers annonçant la représentation de mon spectacle Et si Dieu était laïc (co-auteuse et metteuse en scène : Odile Menant),  je dépose sur le sol une simple planche sur laquelle est punaisée l’affiche, et me prépare à appâter le chaland. D’autres tendent des publicités, ou des programmes électoraux, campagne pour les législatives oblige.

Quand arrive le préposé municipal…désapprobateur :

« Je n’ai pas été prévenu que vous tractiez ce matin… ».

« ?. C’est que …je ne savais pas qu’il fallait prévenir… »

C’est vrai.

« Euh…ça pose problème ? »

«Ça pose deux problèmes » me répond-t-il.

« D’abord, vous pouvez tracter, mais sans rien poser sur le sol. Mais ! Second problème : il est question de Dieu. Et ça, c’est interdit sur le marché. »

Quelle n’est pas ma stupeur !

« Et la liberté d’expression ? »

« C’est pas la question. ».

Je lui signale que je défends notre laïcité, ce qui le rend conciliant.

Mais….le mais demeure.

Il m’invite à me poser juste à la limite extérieure du marché. Là, ce n’est plus son périmètre…donc plus son problème.

Comme je ne suis pas venue pour polémiquer,  je n’insiste pas.

Mais je trouve grave cette interprétation abusive de la loi sur la laïcité.

Car la liberté d’opinion, de religion, d’expression fait partie de nos valeurs les plus fondamentales.

Que mon propos pacifiste prônant une foi éclairée et ouverte, puisse être interdit sur la place publique, pendant que des exigences obscurantistes continuent à vouloir s’imposer dans nos modes de vie sous prétexte de religion (ou de politique)….c’est plus que troublant : c’est très, très inquiétant.

     Marie-Christine Bernard, juin 2017