En soeur
Caresser les visages. Serrer les gens dans mes bras. Passer mon bras sur leurs épaules fatiguées. Leur envoyer des paquets de réconfort. Rien d’autre. Mais je ne peux pas. La culture érotisée dans laquelle on se trouve pris à nos cœurs défendant – à nos corps consentants ? – l’interdit. Sous peine de biais… On y verrait une invite, un début de séduction, l’entrée dans un rapport d’un autre ordre. Les psy s’en mêleraient sans doute. Y verraient une sexualité refoulée, une demande érotique, que sais-je encore ? Pourtant, ce n’est pas cela que je veux. Ni de cœur, ni de corps. Ce que je veux, c’est signifier à tous ces gens qu’ils sont aimés, que leur fardeau n’est pas éternel, qu’ils valent mieux que ce qu’ils s’imaginent. Qu’ils sont aimés depuis toujours et pour toujours d’un amour plus grand que l’univers. Il y a des jours comme ça, où j’ai juste envie de les serrer dans mes bras. Fraternellement. Sororellement. En sœur.
Marie-Christine Bernard – Février 2020