Je ne suis pas une statistique (ni vous) !
La conférencière-auteure-théâtreuse que je suis se trouve bien désœuvrée depuis bientôt un an. Le moral tient bon grâce à ma foi en Celui que j’appelle Dieu. La vie matérielle tient bon aussi grâce à la sobriété heureuse dont je fais depuis longtemps mon art de vivre. Mais la prolongation indéfinie de toute possibilité de rencontre vivante avec un public reste une véritable épreuve. Le ressort de la créativité se grippe, je le sens. L’interaction libre avec les autres, alternant avec des moments de solitude, être dehors ou chez soi selon son humeur du moment, les découvertes impromptues permises par une vie culturelle ordinaire, la fluidité des échanges et la liberté des allers et venues, tout cela est le carburant des créatifs. Au-delà d’un certain seuil, et nous y sommes, ce jeûne culturel prolongé met la santé humaine en danger. Nos décideurs en sont-ils réellement conscients ? Ou bien nous (et se) voient-ils, pauvres humains que nous sommes, uniquement comme des statistiques à vacciner ?
Marie-Christine Bernard
Février 2021