Mon pote

Ce n’est pas le mien, mais ce chat est devenu mon pote. Entre nous, un lien de complicité s’est établi et je crois qu’on se comprend. On est toujours heureux de se voir. Quand je me rends dans sa maison, on reprend contact avec soin : il me raconte un peu de sa vie, et moi de la mienne. Puis il poursuit son existence sans question. Il promène son évidence d’être, va et vient librement, dedans, dehors, chasse les souris, joue avec le chat du voisin, passe par le bar à croquettes autant de fois que nécessaire, dort sans modération et accueille les câlins, que parfois il réclame, avec un contentement tranquille. Quand ses yeux se posent sur moi avec attention, l’étonnement que j’y lis est une invitation souriante à me simplifier.

« Nous devrions rendre grâce aux animaux pour leur innocence fabuleuse, et leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets sans jamais nous condamner »

(Christian Bobin, Ressusciter, 2001)

 

Marie-Christine Bernard – avril/mai 2022