Feux les crèches de Noël

Les crèches que j’ai eu le loisir de contempler, jusque dans les églises, n’en sont pas… Chaque personnage semble vivre sa vie dans son coin, complètement déconnecté et du message et du contexte. Les mains étendues ? sur un braséro. Un genou à terre ? juste pour se reposer. Un regard vers le ciel ? Pas vers l’étoile non, mais …vers le temps qu’il fera peut-être demain. Les dons ? Ostensiblement tournés vers le public censé contempler la crèche. Et l’on décore le tout de petites maisons mignonnettes, de sapins et de neige en plastique ,et l’on s’efforce de traduire la diversité des métiers, des statuts, des fonctions…et de la faune.

Comment ressentir l’énergie spirituelle du don de Dieu à travers l’humain devant un tel degré d’anachronique mise en scène ?  La crèche est devenue un miroir narcissique destiné à flatter une société de spectateurs, coupés d’une part précieuse de leurs racines, et ignares de surcroît ( y compris parmi les chrétiens pratiquants…).

N’en déplaise aux « pour » et aux « contre » les crèches à Noël dans les espaces publics et même dans les églises… Cette année, je n’ai vu aucune crèche de Noël.

Dans une crèche de Noël, tous les vivants, hommes et bêtes, doivent être tournés vers l’enfant nouveau-né, ce Jésus, l’inattendu , l’incroyable, le stupéfiant signe renversant toute prétention religieuse et politique, incarnation de Dieu, selon la foi chrétienne.

Dans une crèche chrétienne, le bœuf et l’âne réchauffent du souffle de leurs naseaux ce bébé vagissant ; les moutons, les chiens, les chats s’étonnent respectueusement devant la grâce divine déposée dans la paille ; quant aux personnes, sous forme de santons aux multiples visages, elles sont dans l’action de grâce : les bras levés au ciel disent la joie des témoins de ce miracle , le genou à terre exprime l’adoration, humble et sincère, de qui reconnaît la présence divine, et chacun apporte ce qu’il peut pour signifier sa gratitude, son soutien, son amour pour ce Dieu, Tel qu’en lui-même, si vulnérable, si proche, si humain : le pain du boulanger, le fagot de bois du bucheron, le panier de linge propre de la lavandière, la poule de la fermière, l’eau de la voisine, et les dons des rois mages.

Tout et tous convergent vers ce couple, vers cet enfant… vers Dieu.

Se recueillir devant une crèche chrétienne, c’est se laisser aspirer à son tour par un mouvement de gratitude, de reconnaissance, d’adoration, c’est devenir un de ces santons, c’est apporter ce que l’on peut, pour participer à l’accueil de cet immense amour déposé là, à terre.

La crèche de Noël n’est pas la mise en scène complaisante d’une société infantilisée, n’est pas un spectacle à regarder de l’extérieur.

C’est un creuset pour que chacun de nous trouve sa place dans la proximité de Dieu.

Marie-Christine Bernard – Janvier 2023