Alors…travailleurs-travailleuses… heureux ?

Parler des retraites, d’accord. Mais si on parlait en même temps de l’incroyable dégradation des conditions de travail ? N’est-ce pas la raison principale qui conduit à vouloir partir en retraite le plus tôt possible ?

Le taux de productivité des salariés est l’un des plus élevés d’Europe, loi des 35 heures oblige… Les travailleurs produisent autant, en moins de temps. Cela se traduit par des pauses au rabais, une pression permanente, des relations humaines réduites à la stricte utilité…et au bout du compte une usure prématurée physique et nerveuse.

Ajoutons l’omniprésence du chiffre dont plus personne ne perçoit qu’il ne tire sa pertinence que dans un rapport à un contexte et une perspective de temporalité ; et son corolaire, l’invasion numérique (là-aussi, physique et mentale) au détriment de la relation ; la dictature des processus et procédures de toutes sortes, au détriment de l’intelligence des situations et de la simple compétence professionnelle ; la standardisation comportementaliste, au mépris des règles élémentaires du respect humain ; la déconnexion entre la contribution réelle et la  rétribution factuelle (en bref : débiter des âneries à la télé enrichit bien mieux que soigner des malades ou  fabriquer du pain.)

Et j’en passe…

Le sens du travail comme contribution au bien commun et au développement humain des travailleurs, s’est perdu dans la course au profit et le cynisme ambiant. Il est devenu in -sensé, absurde, dans l’expérience de beaucoup. Alors pourquoi, dans ces conditions, en allonger encore le temps ? Les gens sont ne sont pas idiots et ils n’ont qu’une vie…

Marie-Christine Bernard – Janvier 2023