Ainsi va le monde…

Terminé : l’accès aux guichets SNCF sont a priori interdits à la clientèle, sauf exception. Désormais, chacun est, non pas prié – car toute trace de politesse est traquée comme vulgaire poussière d’un temps révolu et possiblement toxique – mais contraint de se débrouiller devant les automates. Le personnel daigne encore, non sans condescendance, vous aider à décrypter les inévitables chausse-trapes du système (pour ce billet, s’identifier, pour celui-là ne pas s’identifier ; choisir sa place mais s’en voir imposer une autre quand même sans savoir laquelle ; obtenir un billet papier, ou pas, comme de façon aléatoire…). Et l’on anticipe déjà le temps où même ce personnel disparaitra. Juste avant que les automates eux-mêmes laissent la place à un fast-food. Pour les billets : ce sera chacun chez soi, devant son ordinateur, à esquiver les bugs comme il ou elle pourra. Comme pour le reste.   On vivra sous cloche à la maison à visionner en boucles sur les plateformes des images du monde d’avant, quand l’espace public était un haut-lieu de structuration et d’expression de la sociabilité humaine.

 

Marie-Christine Bernard – printemps 2023