De mon si bel été, me revient en boucle cette scène jubilatoire. Après un orage bien généreux, le soleil réapparaît, plus splendide que jamais. Reste une belle flaque d’eau au beau milieu de la cour, juste devant l’entrée du bâtiment. Les nuages s’y promènent, les oiseaux aussi, et même les visages des enfants qui, d’abord à petits pas, s’approchent. Ils ont entre 2 et 10 ans, des filles et des garçons, de toutes les couleurs, et ils ont en commun ceci : la flaque d’eau les attire comme un aimant. Intrigués, fascinés, captivés par ce miroir improvisé trembloté de brise estivale. Ils regardent. Risquent un orteil. Se penchent pour barboter d’un doigt, d’une main. Puis un pied s’avance prudemment. Un autre. Les sourires fleurissent. Floc, floc. Et voilà que tous les pieds dansent dans la flotte, et sautent, et bondissent. Les espadrilles et les baskets et les shorts et les teeshirts et le corps tout entier sont bientôt mouillés à souhait. Et les rires se mêlent à l’eau joyeuse pour éclabousser de bonheur cette troupe d’enfants pataugeant de concert. Permanence de l’enfance quand elle est sans artefacts… C’est ainsi que les valeurs sûres perdurent.

Marie-Christine Bernard  – Automne 2023